L’Australie marque un tournant en matière de régulation numérique en interdisant l’accès aux réseaux sociaux aux moins de 16 ans. Ce projet de loi, amendement de la loi de 2021 sur la sécurité en ligne, suscite un débat animé, mêlant espoirs de protection et doutes sur son efficacité.
Une initiative sans précédent
Le Premier ministre Anthony Albanese a défendu cette interdiction comme un rempart contre les dangers des réseaux sociaux. Ce dernier souligne que ces plateformes alimentent pression sociale, anxiété et cyber-prédateurs. Des amendes allant jusqu’à 30,7 millions d’euros sont prévues pour les plateformes non conformes, comme TikTok, Snapchat, Instagram et X. Toutefois, certaines plateformes jugées essentielles, telles que WhatsApp ou YouTube, échappent pour l’instant à cette réglementation, bien qu’elles soient également critiquées pour des problèmes de modération.
Malgré sa portée ambitieuse, la loi pose d’importants défis pratiques. Pour éviter de collecter des données sensibles comme des pièces d’identité, le gouvernement prévoit de tester une technologie de vérification de l’âge. Cependant, les détails de cette technologie restent à préciser, et des experts pointent les risques de contournement via des VPN, qui permettent d’échapper aux restrictions géographiques.
Les plateformes concernées ne cachent pas leur scepticisme. Google et Snapchat critiquent un manque de clarté, tandis que Meta qualifie la mesure « d’inefficace ». TikTok déplore une définition trop large des services ciblés, et X s’inquiète d’un potentiel conflit avec les traités internationaux sur les droits de l’homme.
Une tendance mondiale
L’Australie n’est pas seule à légiférer sur l’accès des mineurs aux réseaux sociaux. En France, la majorité numérique fixée à 15 ans impose aux plateformes de vérifier l’âge des utilisateurs et le consentement des parents pour les plus jeunes. Aux États-Unis, en Floride et dans l’Utah, des initiatives similaires se heurtent parfois à des obstacles juridiques liés à la liberté d’expression.
Un défi technologique et sociétal
L’interdiction australienne, bien qu’ambitieuse, pourrait rester symbolique si ses bases technologiques et réglementaires ne sont pas solides. Avec un délai d’un an pour sa mise en œuvre, le gouvernement devra répondre à des questions complexes pour éviter que cette loi ne devienne un simple coup d’éclat.
En attendant, elle illustre une tension universelle : comment protéger les jeunes dans un monde numérique sans nuire à la liberté et à la vie privée ?